Des soirs, je suis pris d’une lubie rédactionnelle. Ça arrive, de temps en temps. Un espèce de bloc qui n’en a plus vraiment l’air me sert à écrire ce qui me passe par la tête. Parfois lorsque je me relis, je ris, parfois j’en pleure, mais la plupart du temps en fait je ne me comprends plus car j’écris vraiment mal – surtout le soir.
Je me disais l’autre fois, que chacun a sa bête noire. La bête noire, c’est cette partie au fond de nous que nous détestons. Une partie de nous-même que nous redoutons, dont nous avons honte. Pas forcément une partie méchante, la bête noire n’est pas toujours assoiffée de sang. Elle est dangereuse par ce qu’elle représente pour nous-même, parce que c’est précisément ce que nous ne voulons jamais être. Mais nous le sommes malgré tout, un peu quelque part. Elle est parfois lâche, parfois inconsciente. Elle peut être faible comme elle peut être insensible. La bête noire, on en a tous une.
Cherchez bien, vous trouverez sans doute un moment dans votre vie où vous regrettez ce que vous avez fait ou ce que vous vous êtes abstenu de faire, par peur, envie, colère, quelque chose qui ne vous ressemble pas – quelque chose à quoi vous ne voulez pas ressembler.
La voilà, votre bête noire. Ce que vous craignez qu’un jour, la bestiole – vous-même en réalité – reprenne le dessus. Ça peut être des gestes que vous n’auriez pas dû faire, quelque chose que vous n’avez osé dire ou faire ; mais qu’au fond, vous regrettez aujourd’hui et regretterez encore longtemps. Peut-être même toujours.
La bête noire, au fond, c’est soi-même.
Et c’est bien ça ce qui la rend le plus effroyable et redoutable.
Parce que c’est un fond de soi-même.